Auray. Le Verger laisse des bleus au harcèlement

Publié le 02 avril 2019 à 19h24

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Les élèves ont joué le jeu, portant un haut bleu, devant la fresque qui a été inaugurée hier.

Les élèves ont joué le jeu, portant un haut bleu, devant la fresque qui a été inaugurée hier. (Le Télégramme/Gwen Rastoll)

Le collège du Verger se mobilise contre le harcèlement. Ce mardi, c’était le premier « Blue shirt day », empruntée à cette manifestation qui se tient en Amérique du nord. Élèves et corps enseignant ont notamment inauguré une fresque réalisée avec l’appui des Gens déjantés, et achevé quelques ateliers dont les fruits seront donnés à voir dans quelques semaines. Le Verger met une trouille bleue au harcèlement…

Une marée bleue recouvre progressivement la cour du collège Le Verger, encerclant Christelle Blanchet, CPE (Conseillère principale d’éducation), le principal, Vincent Didier et Nathalie Quélo, professeur d’anglais. Aujourd’hui, c’est le premier « Blue shirt day » du Verger. « C’est une journée spéciale qui a été lancée au Canada. Pendant une journée, dans les collèges et les lycées, tout le monde s’habille en bleu pour dénoncer le harcèlement », explique Vincent Didier. Des dizaines d’élèves ont joué le jeu, revêtant un haut bleu pour s’associer à cette journée spéciale. Le blues a gagné Auray et Le Verger, en commençant par la classe de Nathalie Quélo.

« Le thème du harcèlement y a été évoqué, et progressivement, l’idée est venue de lancer notre propre manifestation, dans le cadre d’un EPI, un enseignement pratique interdisciplinaire », rappelle Christelle Blanchet. Une manière de rendre la discussion incontournable dans toutes les classes. On le sait, le harcèlement ne reste à la porte d’aucun établissement. « Le sujet concerne tout le monde. 10 à 15 % des élèves sont un jour victimes du harcèlement. En France, un élève sur dix en est victime durant sa scolarité. Aucun établissement n’est donc épargné », confirme Vincent Didier.

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Les ambassadeurs du Blue shirt day, qui ont piloté avec le corps enseignant cette manifestation contre le harcèlement scolaire. (Le Télégramme/Gwen Rastoll)

Du bleu contre les bleus à l’âme

Un mal rampant, muet. Car la plupart des élèves préfèrent souvent se taire. Parfois par crainte du ridicule. Ou alors de représailles… Mais le silence fait office de sauf-conduit pour le ou les harceleurs, qui s’autorisent à poursuivre et à aller plus loin… Le Verger a décidé de dresser les barrières. Bleues. Elles ont été portées par 22 élèves, essentiellement de ttroisième mais aussi quelques cinquièmes. Ce sont les « ambassadeurs ».

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« Aujourd’hui, si ça devait se reproduire, je parlerais »

Parmi eux, Anouk et Rémi. « C’est quelque chose qui nous touche tous… Moi-même, lors d’une courte expérience personnelle, très déplaisante… », commence Anouk. Avant de s’arrêter. C’est pourtant le jour ou non pour en parler, non ? « Oui, c’est vrai. Mais il faut parfois un peu de temps… », dit la jeune fille, pourtant très investie dans ce projet. « On a tous été victimes ou témoins de cela. Moi, il y a quelques années, j’ai vu des camarades se faire harceler… Mais je n’osais pas réagir », vient l’aider Rémi. Et aujourd’hui ? « Aujourd’hui… oui, je sais que je ne laisserais pas faire les choses. Si ça devait se reproduire, j’irais en parler ». Parler. L’arme fatale contre le harcèlement. Parler et dire les choses justes. C’est ce qu’ont fait les ambassadeurs et tous les participants au projet, à travers des ateliers menés depuis novembre dernier. Avec un court-métrage, récemment achevé, et qui sera diffusé dans un premier temps aux élèves et à leurs parents, ainsi qu’au corps enseignant. Avec un atelier photo, ensuite, piloté par le photographe officiel du Verger, François Musard, professeur de physique : il en a tiré 250 clichés, autant d’affiches à sortir, qui mettent en avant les collégiens et leurs pancartes… Enfin, avec une fresque géante, sur le mur de la cour. Réalisée avec l’aide de Mathieu, artiste des Gens déjantés, elle suit les différentes phases du harcèlement, en reprenant des codes de couleur et en hissant la jauge du gris au vert. Des injonctions à dire non au harcèlement, dans les langues enseignées au collège (anglais, chinois, espagnol, allemand et français), accompagnent cette réalisation qui résonnera pour tous comme un rappel à ne pas laisser faire.

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